irréméDIABLE
Courir loin très loin
Fuir leur déni
Ne plus revenir en arrière
Partir loin très loin
Fuir leur idéal de pourrissement
Ne plus dépouiller la vertu
Déguerpir loin très loin
Fuir avant qu'il ne soit trop tard
Ne plus se mettre à nu
Détaler loin très loin
Fuir leur marasme affectif
Ne plus se mouiller pour eux
Nager loin très loin
Fuir leur errance émotionnelle
Ne plus être touché au coeur
S'envoler loin très loin
Fuir la laideur de leurs pensées
Ne plus ouvrir la boîte aux lettres
S'échapper loin très loin
Fuir leur jalouse trahison
Ne plus se laisser contaminer
Sans délai
Fuir loin très loin
Jusqu'au dénuement
<<Ô au ! THEâtre>>
Face à la scène
Une fosse aménagée
Des zèbres éberlués, en rang.
Sur la scène
Dans un gigantesque ballon jaune
Un lion, proie en bouche.
Au-dessus de la scène
Dans un jardin suspendu
On entend la voix du vide :
<<Ma haine ! Ô mon amour ! Te souviens-tu ?
Du gourmand qui creusait sa tombe avec ses crocs ;
Ma haine ! Ô mon amour !
De la paresse qui n'avait nulle noblesse
Ni prouesse,
Te souviens-tu ?
Ma haine ! Ô mon amour ! Te souviens-tu ?
De la luxure, fruit de mort à l'arbre de vie
Qui était
Fruit défendu faisant claquer les dents d'envie ;
Ma haine ! Ô mon amour !
De l'envie qui était fumeur
Qui ne pouvait souffrir le bien des autres,
Te souviens-tu ?
Ma haine ! Ô mon amour ! Te souviens-tu ?
De l'avare qui manquait aussi bien de ce qu'il avait
De ce qu'il n'avait pas ;
Ma haine ! Ô mon amour !
De l'orgueil qui ne voulait pas devoir,
Et l'amour-propre ne voulait pas payer,
Te souviens-tu ?
Ma haine ! Ô mon amour ! Te souviens-tu ?
De la colère de la colombe
Qu'il faut craindre.>>
Face à la scène
Dans une fosse aménagée
Un lion se vide de son sang.
Sur la scène
Dans un gigantesque ballon jaune
On entend l'agonie du fauve.
Au-dessus de la scène
Dans un jardin suspendu
Des zèbres...